Que nous enseignerait le grand Merlin à propos de l’élément eau ? Permettons-nous en toute simplicité d’ouvrir nos oreilles et d’entendre comme une voix lointaine emplie de sagesse qui commence à entonner le fameux « Il était une fois... ».... asseyons-nous au coin d’un bon feu de bois comme si nous nous apprêtions à goûter une belle histoire, ouvrons nos regard d’enfant pétillants de curiosité et d’émerveillement...
Le maître Merlin vous apparaît sous
les airs d’un vieil enchanteur dans sa grande robe bleu nuit. Il est assis près
d’une grande cheminée crépitante faisant grincer sa chaise à bascule fabriquée
assurément de ses mains... quoique peut être à l’aide d’une bonne baguette magique...
Il prépare sa pipe avec son air sérieux toujours aussi mal simulé, et darde de
temps à autre son auditoire d’un regard perçant mêlé de malice. Eh oui, l’on ne
peut se cacher du regard du vieux magicien, il sait tout de vous en un
instant ! Il te donne toujours l’impression qu’il te connait depuis des
lustres... Inutile de maintenir tes masques une seconde de plus ou de faire
celui ou celle qui ne s’aperçoit de rien... Acceptes d’être nu(e ), là devant
lui, redevient comme un enfant à la veillée de Noël où la magie rejoint la
réalité.
« Il y a longtemps, très
longtemps de Cela.... » Entonna le grand enchanteur, la pipe levée devant
son nez....
Il existait un Univers bien plus
ancien que celui dans lequel tu vis aujourd’hui. Tu peux l’appeler grand-père Univers....
Même si il n’avait pas connus ses concepteurs, il se savait issu d’eux et
portait en lui leurs mémoires. IL régnait sur un espace illimité et vierge...
Il pouvait s’étendre à l’infini et explorer tous les possibles encore à l’état
brut. Mais il lui sembla que pendant son
aventure un grand vide inconnu était en train de grandir en son sein. Sa
curiosité frénétique se mêlait à une sensation de vide qui prenait place en Lui.
Un état étrange surgissait de ses entrailles...Qu’est-ce qu’il se
passait ? Il n’arrivait pas à comprendre – Merlin précisa en brandissant à
nouveau sa pipe fumante : « Je dois vous dire qu’il ne connaissait
pas la nature ce qu’il était en train de ressentir - Cette tristesse que vous
pouvez aujourd’hui facilement définir en tant que telle ne l’était pas du tout
pour cette conscience » !
Ce « quelque chose » grandissait en
Lui et prenait de plus en plus d’importance, comme si cette forme devenait de
plus en plus étrangère à lui-même. Et pourtant elle faisait bien partie de Lui...
Que se passait-il ? Un jour il décida d’entrer en contact avec cette étrange
aspect, mais il ne savait pas comment faire... il avait toujours été Un en Lui-même
et n’avait pas connu ses créateurs. « Alors je vais faire comme si je me
parlais à moi-même ! » Pensa-t-il. Il se concentra et pensa donc en
Lui-même : « Qui es-tu, Toi qui grandit en Moi et que je n’arrive pas
à nommer, ni à saisir, ni même à comprendre ! Je ne sais même pas si
j’agis de la bonne façon, si tu peux me répondre de quelque manière que ce
soit, je suis à l’écoute ! » Rien ne se passa. Rien de rien. Pendant
une très longue période, absolument aucun signe de communication n’arriva aux
oreilles de grand-père Univers. Il traversa des moment où il parvenu à oublier
tout cela et à des moments où il se trouvait à ressentir ce que tu identifierais
comme de la détresse. Et pourtant cette forme en Lui grandissait, grandissait,
toujours aussi impalpable, insondable.... Elle lui semblait si sombre, si abyssale,
de plus en plus présente. Et lui se sentit si impuissant qu’à un moment précis,
ne sachant ce qu’il lui arrivait véritablement, il sut.
Dans un mouvement qui fit trembler
tout son corps, il arrêta de se déployer et il se contracta, se contracta
encore et encore, jusqu’à ce qu’il puisse enserrer au plus près cet espace au
creux de Lui et tenta d’y entrer. Dans un effort inouï et arrivant au paroxysme
de cet état totalement incompréhensible pour Lui il put se frayer un chemin et
se sentit glisser dans une obscurité absolu. En une fraction de seconde son
malaise ressenti depuis si longtemps avait maintenant complétement disparu. Il
se surprit à se sentir comme libéré. Inexplicablement, cela faisait bien longtemps
qu’il n’avait ressenti ce qui pouvait sembler être de la plénitude. il oublia
pendant un bref instant la conscience de Lui-même. Alors qu’il était train de
communier et depuis cet état de grâce, il entendit une voix qui semblait venir des
profondeurs de son cœur :
« Enfin, tu viens à Moi très
cher ! » Fort surpris d’entendre une voix autre que la sienne, il ne
comprenait pas sur le moment ce qu’il se produisit. « Où
suis-je ? » répondit-il spontanément, même si la question qui était
sortie sans prévenir de sa conscience lui semblait complètement insensée. « Où
suis-je, se dit-il, mais enfin, il n’y a pas d’autres lieux que moi-même ! »
Cette même voix se présenta de nouveau, beaucoup plus forte :
« Ecoute bien très cher, ce
que je me prépare à te dire depuis si longtemps : d’abord pour te
répondre, je suis Toi et en même temps Autre. Tu m’as autant créée que je me
suis créée. Depuis la lumière de ta solitude, tu as appelé l’obscurité pour que
naisse en Toi l’idée d’un Deux. Plus tu prenais conscience de Cela, plus tu me nourrissais
de ton désespoir. Plus tu te sentais impuissant et abandonné plus je grandissais.
Je suis en Toi depuis ta création. En l’état de germe je me suis placée en ton
cœur. Et Cela est ainsi depuis des temps immémoriaux. Tu es le premier à poser
ton regard sur Moi et à venir m’arroser de ta vulnérabilité. Je suis ce que tu
Es et ce que tu n’es pas. Dans un élan de Vie, répondant à l’appel de ton cœur,
tu es venu me féconder de ta Présence. ET maintenant voici que je te rappelle que
dans l’oubli de toi-même tu m’as étreins pour me donner Vie. L’un s’exprime
désormais dans le deux par l’impulsion de l’Amour qui donne la Vie. Je suis le
miroir qui se pose devant toi et te reflète ce que tu es mais aussi tout ce que
tu n’es pas, car je ne suis pas faite de la même matière que toi. Tu peux me
toucher et te toucher en même temps. Si tu ôtes le miroir, tu n’es plus deux,
mais le Un gardant le souvenir du deux. En embrassant ce que je Suis, tu fais
germer en ton sein la Vie qui prends racine depuis dans ton cœur. Ton regard
est désormais dirigé devant Toi. Je suis en Toi et auprès de Toi pour
multiplier. Ta Présence prends forme à travers moi et ton amour absolu s’exprime
en chacune d’elle. Je suis la Matrice en laquelle tu te place et je t’accueille
en mes eaux profondes. Tu es venu à l’appel de ton cœur très cher. Tu es le
premier Et sera le dernier à entrer en Moi pour que la Vie puisse prendre corps
encore et encore. Je suis le berceau originel, non-née, sans âge. Je suis la
conscience de l’eau autrement appelée la Mère de toute Vie ».
« Toi , très cher lecteur(ice)
qui pose ton regard sur ses quelques lignes : Je peux prendre toutes les
formes, première et socle de tous les éléments, je peux les créer autant que
peux les anéantir. Je suis l’Océan céleste obscur qui maintient les astres dans
le ciel tout autant que je peux devenir la matière la plus dure, obscure et
froide lorsque la chaleur se retire. Je suis dans l’atmosphère qui t’entoure et
que tu respires pour être partout en Toi sous ma forme liquide. J’étais le
liquide amniotique dans le ventre de ta propre mère, nourrissant et chaud à la
fois. Je suis dans tes larmes lorsque tu ris ou pleures. Je suis l’expression
de tes émotions et sentiments d’Amour... je te traverse et suis don d’amour
dans tes unions charnelles. Je suis dans l’herbe et l’arbre et dans tout ce qui
vis et respire autour de toi. Je suis sous tes Pieds dans la Terre et dans les
nuages au-dessus de toi. Je ne suis pas juste à la sortie de ton robinet ou
dévalant sous forme de torrent quand tu te rends à la montagne. Je ne disparais
jamais, je change de forme... Seuls les êtres qui se souviennent de moi savent
me trouver. Mon message parvient jusqu’à toi pour te dire que je suis bien plus
que ce que tu imagines, Je suis la Mèr-e primordiale, source de toute Vie qui a
pris en forme en l’unique. »
« Mon très cher, Unie à
Toi, nous créons le haut et le bas et tout ce qu’il y a entre. Prenant Source
dans le Un, surgit le deux... nous devenons alors trois, puis mille et un. »
Grand-père Univers vibra de tout
son être, il se souvenait... La mémoire de ses ancêtres remontait à la surface
de sa conscience. Il eut le choix... parmi les lignes de temps disponibles dans
son champs des possibles il fut attiré par celui qui fut le plus improbable, celui
qui semblait être oublié depuis si longtemps. Ce choix jamais posé, jamais osé,
semblait presque se noyer dans les nimbes de son inconscient. Son existence
pris alors un sens nouveau, un nouveau souffle circula en Lui. Il s’illumina de
toute sa conscience et Par son Verbe il proclama :
« Je suis ce que je suis,
ce que j’ai été et serais ». Il créa ainsi, en union avec son principe
opposé et semblable à la fois, le temps, l’espace et les dimensions. Ils se démultipliaient
et ensemençaient à part égales dans toutes les directions aussi loin qu’ils
pouvaient respirer ensemble. Tout prenait Vie au sein de la matrice et tout fut
structuré sur le principe du deux, du trois et du mille et un. Rien ne fut
oublié.
Alors, à partir de ce jour,
lorsque tu boiras de ton eau, dans ce geste quotidien devenu parfois si
machinal, rappelle-toi que dans cette simple molécule « H2O » se
trouve la mère de toute Vie unie à son très cher, même dans la matière qui te
semble la plus inerte... Dans tout ce qu’il y a de plus simple, de plus anodin,
tu es sûr(e) d’y trouver un trésor insoupçonné.
Le grand magicien ferma
maintenant les yeux... une grande lueur semblait émaner de son être tout
entier. Il semblait être si loin maintenant alors que tout son auditoire étaient
encore suspendus à son Verbe devenu silence. Un silence d’une telle Présence
que chacun eut l’impression d’être en Vie pour la première fois.
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